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Livres de science, fiction ?

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Le magazine « la recherche » et Huffington Post ont posé à des scientifiques une question similaire: quel livre de science(-fiction) préférez-vous ? De façon incompréhensible, ni l’un ni l’autre n’ont pensé à me demander mon avis, il est donc temps de défendre mon champion: Isaac Asimov, pour Fondation et son Cycle des Robots.

C’est complètement bâteau de dire qu’un auteur de science-fiction avait « bien » anticipé la société d’aujourd’hui d’un point de vue des technologies.  Asimov excelle aussi du point de vue de débats éthiques actuels qui, je pense, n’étaient pas forcément aisés à anticiper. Trois exemples me viennent à l’esprit:

  • Asimov est l’inventeur des « Trois Lois de la Robotique » (complétées par une Loi 0 dans un roman ultérieur). Ce qui est très frappant est, qu’à moyen terme, la mise en place de ces lois devrait logiquement émerger dans notre débat public, notamment la première Loi stipulant qu’un Robot ne peut porter atteinte à un être humain. Un exemple très récent: dans son interview à Wired, Snowden dénonce le système MonsterMind, qui vise à répondre automatiquement à toute CyberAttaque. Comme Snowden l’explique, on ne peut pas prendre le risque d’autoriser un simple programme à prendre de telles décisions, qui pourraient par exemple mettre hors d’état un ordinateur piraté dans un lieu sensible (comme un hôpital). La question se pose également sur les futures voitures automatisées: imaginez qu’une voiture soit impliquée dans un accident et doive écraser un piéton pour sauver ses passagers, que doit-elle faire ? Les histoires de Robots d’Asimov reposent sur ce genre de questions, où du fait de l’automatisation, on laisse des algorithmes décider de dilemmes moraux, à nos risques et périls. Enfin, il est bien évident que l’existence de drones léthaux autonomes est parfaitement exclue par les trois lois d’Asimov. Espérons qu’un accord international, demain, les interdise effectivement. Imaginez les dégats qu’un drone militaire pourrait faire en cas d’algorithme déficient de ce genre.
  • Asimov peut-être considéré comme un précurseur ayant compris avant tout autre les implications de ce qu’on appelle maintenant les « big data ». Par exemple leur pouvoir prédictif et prescripteur: la nouvelle « Franchise »  raconte ainsi comment un ordinateur choisit sur des bases statistiques « l’Electeur de l’année », typique de la population, qui va exercer son devoir démocratique au nom de tous. C’est la version électorale de l’algorithme de suggestion de Netflix. Fondation repose sur l’idée que les comportements humains collectifs peuvent être non seulement modélisés, mais également influencés par des perturbations ciblées, afin d’orienter toute l’histoire humaine future. Et dans ce cadre, le mathématicien (représenté par Hari Seldon) est le personnage le plus important de la société, d’abord méprisé par les élites aveugles, puis devenant un héros, omnipotent et omniscient ! A l’image des data scientists d’aujourd’hui:

    « At Yelp, I can be pushing out experiments that affect hundreds of millions of people. When I make a small change to the Yelp website, I have a bigger impact. »

  • En poussant plus loin, on pourrait même voir Asimov comme une réflexion avant l’heure sur le « transhumanisme ». Il décrit dans ces livres ce que pourrait être une société virant carrément dans le « transindividualisme »: Solaria, une planète où vivent des êtres isolés, largement oisifs, dans des domaines gigantesques gérés par des robots, et communiquent entre eux uniquement virtuellement. Asimov contraste cette société d’élite avec la société des gens normaux, qui travaillent, vivent et meurent sous terre dans les Cavernes d’Acier. Nous ne sommes néanmoins pas dans une dystopie où les mondes s’affrontent, plus dans une forme de coexistence où une part de la société finit par se retirer vers des planètes désertes, où elle ne se paie même pas le luxe de mourrir d’ennui. In fine, pour rejoindre le transhumanisme actuel, les habitants de Solaria finissent par se modifier génétiquement, pour 1/ vivre éternellement (et asexuellement) 2/ acquérir des pouvoirs de télékinésie. Vers la fin du cycle de fondation, Asimov propose une alternative plus « humaniste », « écologique » voire « holiste », ce qu’il appelle Gaia ou Galaxia où, au contraire, le collectif est mis en avant par rapport à l’individuel.

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